Définition de FRIAND, ANDE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : fri-an, an-d'

DÉFINITIONS

1
Qui flatte le palais d'une manière délicate (étymologiquement, le flattant, comme quelque chose qui est frit).
Il se réjouissait à l'odeur de la viande, Mise en menus morceaux et qu'il croyait friande
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 18
Votre ordinaire est donc trop peu friand à votre goût... ?
de Jean de LA FONTAINE dans Gag.
Si celui-ci est à table et qu'il prononce d'un mets qu'il est friand, le maître et les convives, qui en mangeaient sans réflexion, le trouvent friand et ne s'en peuvent rassasier
de Jean de LA BRUYÈRE dans V
Ce qui m'impatientait, c'est qu'il n'y avait rien d'assez friand pour ces grands serviteurs de Dieu
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 4e part.
Sémantique : Fig.
À son âge, un époux est un morceau friand
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans Bourg. de qualité, V, 3
Friands souris, tout comme en a le traître [l'Amour], On vous les voit : mais aussi ses défauts, Les avez tous....
de LAFARE dans à Mme de B.
Le nom [d'Auvergne] était friand pour des gens qui minutaient de changer leur nom de la Tour en celui d'Auvergne
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans XXIV, 27
Jadis ton maître a fait mainte folie Pour des minois moins friands que le tien
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Célib.
2
Qui aime et apprécie la chère fine et délicate.
L'homme, le plus friand des animaux, appelle à lui toutes les productions de la nature, et force tous les climats de satisfaire à ses goûts et à son intempérance
de Charles BONNET dans Consid. corps org. t. V, p. 153, dans POUGENS
On dit souvent : Friand comme une nonne.
Avoir le goût friand, avoir le goût délicat et bien apprécier les bons morceaux.
Être friand de, aimer beaucoup une chose.
Cependant un sanglier, monstre énorme et superbe, Tente encor notre archer friand de tels morceaux
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 27
Elle était friande de toutes sortes de sucreries
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 9
Sémantique : Fig. Être friand de louanges, de nouveautés.
Vous pensiez bien trouver quelque jeune coquette Friande de l'intrigue et tendre à la fleurette
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des maris, II, 9
Au bout de quelque temps que messieurs les louvats Se virent loups parfaits et friands de tuerie
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 13
.... Qui hait les présents ? Tous les humains en sont friands
de Jean de LA FONTAINE dans Petit chien.
Les grands sont friands d'horoscope ; Ils pensent que leur sort est écrit dans les cieux
de LAMOTTE dans Fabl. V, 12

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Jà n'ai je mie le pooir De tiex [telles] cointeries veoir, Que cil ribauz saffre, friant.... Entor vous remirent et voient, Quant par ces rues vous convoient
dans la Rose, 8542
2
XIVe s.
Si tu vois que le faucon est bien friant à la char et qu'il mengue [mange] bien volontiers
dans Modus, f° LXXIX, verso
Il n'est si bone armeure que de ce vin friant Et de ces pastez là qui vont souez flairant
dans Hugues Capet, v. 2269
Plusieurs ne la frisent point [ne la font point frire, une certaine préparation], jà soit ce que c'est le plus friant
dans Ménagier, II, 5
3
XVe s.
Il est vrai que je suis friant De vin, quand c'est vin qui merite
de BASSELIN dans III
Dedans l'amoureuse cuisine, Où sont les bons frians morceaux
de Charles D'ORLÉANS dans Rondeau.
4
XVIe s.
Des viandes friandes et delicates
de Jean CALVIN dans Instit. 998
Cette retraite fut assez friande [gaillarde], pour ce qu'ils avoient sur les bras la fleur de l'armée qui leur faisoient des charges
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. I, 287
C'est un mauvais compagnon à la table, parce qu'il est friand et gourmand
de Jacques AMYOT dans Du vice et de la vertu, 3
Ceulx qui ne bougent jamais d'alentour des tables plantureuses et friandes
de Jacques AMYOT dans Comm. disc. le flatt. de l'ami, 7
.... pour en l'air La friande perdrix par eux [l'autour et le tiercelet] faire voler, Nous montons à cheval....
dans Plaisir des champs, p. 242
Nous rendre moins aigres et friands à la jouissance des biens et des plaisirs
de Michel de MONTAIGNE dans II, 214
De femme volage et friande, En tout temps bonheur nous defende !
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
C'est, comme l'a vu Ménage, le participe présent du verbe frire, avec un changement du t en d, puisque le féminin est friande, comme dans l'ancienne forme féminine galande de galant. Dans le XIIIe et le XIVe siècle, il y a deux sens : en parlant des choses, ce qui est appétissant ; en parlant des personnes, celles qui ont de la vivacité comme ce qui frit.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Friand de la lame, qui aime à se battre en duel ; c'est un terme de raffinés. Il était ce qu'on appelle friand de la lame, l'Événement, 26 mars 1877.

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